La France compte un peu plus de 43 000 cimetières, répartis sur le territoire et hors métropole.
Traditionnellement érigé autour des églises et plus tard à la périphérie des communes, le cimetière est un lieu sociétal et un reflet de notre histoire. Espace de recueillement hors du tumulte quotidien, il est aussi recherché pour sa quiétude ou pour son esthétisme.
Un peu d’histoire : quelle est l’origine des cimetières ?
Caractéristique propre à l’espèce humaine, la mise en terre des défunts remonte à l’ère préhistorique. La dépouille mortelle est alors enterrée au cœur du foyer, souvent assortie d’objets ou d’offrandes. C’est au Néolithique qu’apparaissent les nécropoles, qui regroupent les corps de chefs ou de personnalités religieuses ; ces tombes collectives se généralisent durant l’Antiquité. Selon les civilisations et l’importance accordée au culte des morts, les nécropoles se feront souterraines (Egypte antique) ou excentrées (Rome antique, Gaule Romaine).
Dans l’Europe du Moyen-Âge, fortement marquée par la croissance du christianisme, les notables sont inhumés au sein des édifices religieux (églises, chapelles, monastères) ; les plus pauvres enterrent leurs morts dans des fosses communes. Les premiers cimetières vont par la suite se développer autour des paroisses entre la fin du VIIe siècle et le début du Xe siècle. Les défunts non catholiques resteront cependant interdits d’inhumation dans les cimetières paroissiaux jusqu’en 1804. C’est en effet au XIXe siècle que le cimetière devient public et que se développe la pratique des concessions funéraires familiales.
Le saviez-vous ? Lieu d’asile à l’instar des églises, au Moyen-Âge il est interdit de capturer un fugitif qui a trouvé refuge dans un cimetière.
En France, le cimetière contemporain évolue et s’adapte aux nouvelles spécificités funéraires : intérêt pour les cimetières paysagers, préoccupations écologiques, développement croissant de la crémation.
Ainsi, de plus en plus de cimetières comportent un jardin du souvenir destiné à la dispersion des cendres.
On voit également se développer des cimetières arborés, sur le modèle des cimetières protestants où la végétation est prépondérante.
Enfin, les premiers cimetières écologiques (Niort et Ivry-sur-Seine) se caractérisent par une absence de monuments funéraires en granit : l’inhumation se fait en pleine terre, le corps étant déposé dans un cercueil en matière biodégradable (bois, carton), et une simple stèle en calcaire marque l’emplacement de la dépouille.
Comment fonctionne un cimetière en France ?
- Le principe : l’inhumation dans un cimetière communal
Hormis les cas rares d’inhumation sur un terrain privé (soumise à des conditions strictes de distance et à autorisation préfectorale), la mise en terre du corps – ou de l’urne contenant les cendres – se fait dans un cimetière communal :
– soit celui du lieu de domicile du défunt,
– soit le cimetière du lieu du décès,
– soit le cimetière abritant une sépulture familiale.
- Le cimetière, lieu et ouvrage public
Le cimetière est un lieu public, affecté à un usage public : il relève donc de la compétence du maire, qui en rédige le règlement intérieur et use de son pouvoir de police pour le faire respecter.
Un syndicat intercommunal peut être créé pour l’utilisation d’un cimetière commun implanté dans l’une des communes : la gestion du cimetière relève alors de la compétence intercommunale.
Le cimetière, faisant partie du domaine public communal, est soumis au principe de neutralité. Cependant, la loi permet l’édification de signes religieux ou l’apposition de marques religieuses sur les sépultures, ainsi que la présence de carrés confessionnels.
- Utilisation du cimetière : la concession funéraire
Le droit d’être inhumé dans un cimetière est soumis à l’acquisition d’une concession funéraire. L’usage de cet emplacement, sur lequel s’élèvera un monument funéraire ou une sépulture cinéraire, est acquis par un ou plusieurs bénéficiaires, pour une durée déterminée.
Le contrat de concession funéraire, conclu avec la municipalité en charge du cimetière, s’applique aussi à l’usage d’une case dans un columbarium, destinée à accueillir une ou plusieurs urnes funéraires.
Le cimetière, un lieu de mémoire à l’attrait touristique
Certains cimetières en France, qu’ils hébergent les tombes de soldats morts au combat, les sépultures de célébrités, ou encore par leur situation exceptionnelle, attirent de nombreux visiteurs.
Le saviez-vous ? Le phénomène de visite des cimetières s’est accentué durant les périodes de confinement lié à la crise sanitaire, de nombreuses personnes ayant choisi ces lieux de calme et de verdure pour promenade.
- Les cimetières parisiens
Lieux phares de découverte touristique, les grands cimetières de la capitale suscitent autant de ferveur que de curiosité.
- Le cimetière du Père-Lachaise : situé dans le XXe arrondissement, le plus grand cimetière parisien intra muros porte le nom du prêtre confesseur de Louis XIV. Lieu de sépulture de nombreuses personnalités du monde des arts et des lettres (Jim Morrisson, Edith Piaf, Alain Bashung, Marcel Proust, Honoré de Balzac, Oscar Wilde, Guillaume Apollinaire, Eugène Delacroix, Théodore Géricault, etc.), il accueille chaque année près de 3 millions et demi de visiteurs, ce qui en fait le cimetière le plus visité au monde.
- Le cimetière du Montparnasse : situé dans le XIVe arrondissement, construit en 1824 sur les vestiges d’anciennes fermes (on peut encore aujourd’hui y découvrir la tour d’un moulin à farine), le cimetière comporte de belles tombes ouvragées et abrite les sépultures de nombreuses célébrités (Marguerite Duras, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Charles Baudelaire, Serge Gainsbourg, César, Jacques Demy).
- Le cimetière de Montmartre : situé dans le XVIIIe arrondissement, il a longtemps porté le nom de « cimetière du Nord ». Y sont notamment enterrés : Edgar Degas, Jacques Offenbach, Hector Berlioz, Dalida, Fred Chichin, Michel Berger et France Gall, Michel Galabru, Stendhal, Emile Zola.
- Les autres cimetières français connus pour abriter des célébrités
D’autres cimetières en France accueillent les sépultures de personnalités, formant de véritables attractions touristiques.
- Le cimetière d’Auvers-sur-Oise : non loin de l’église éponyme peinte par Vincent Van Gogh, le petit cimetière est la dernière demeure du peintre et de son frère Théo, comme celle d’autres artistes.
- Le cimetière de Saint-Paul-de-Vence : ce typique cimetière provençal, à la situation exceptionnelle, est connu pour abriter les restes du peintre Marc Chagall.
- Le cimetière de l’Est à Lille : ce grand cimetière paysager de 22 hectares, qui fait se côtoyer les tombes d’ouvriers et les sépultures des grandes familles du textile, reflète l’histoire de la métropole lilloise. De nombreuses personnalités du monde politique y sont enterrées (Léon Faidherbe, Augustin Laurent, Roger Salengro, Pierre Mauroy).
- Le cimetière de la Madeleine à Amiens : construit sur une ancienne léproserie, ce cimetière paysager réputé pour ses vallons et son parc arboré accueille le tombeau de l’écrivain Jules Verne.
- Le cimetière de la Chartreuse à Bordeaux : c’est dans le plus grand et plus ancien cimetière bordelais, classé aux Monuments Historiques, que l’on trouve les tombes de Francisco Goya, Pierre Lacour, Amédée Jouandot ou encore celle de Flora Tristan. Ce cimetière renferme des chapelles et de nombreux monuments funéraires du XIXe siècle.
- Les cimetières militaires
Lieux de mémoire et d’hommage, les cimetières militaires regroupent les de tombes soldats morts au combat.
- Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer (Calvados) : dominant la plage d’Omaha Beach, site phare du débarquement des Forces Alliées le 6 juin 1944, le cimetière américain honore les 9 387 soldats disparus durant la bataille de Normandie (du 6 juin au 29 août 1944). Le terrain du cimetière est une concession perpétuelle accordée par la France aux Etats-Unis. Chaque jour se déroule la cérémonie du lever et du baisser des couleurs du drapeau américain.
- Le cimetière de Fleury-devant-Douaumont et l’ossuaire de Douaumont (Meuse) : nécropole nationale érigée en hommage aux soldats morts durant la Grande Guerre et notamment lors de la bataille de Verdun en 1916, le cimetière de Fleury a accueilli les dépouilles des soldats des cimetières alentours ; l’ossuaire quant à lui abrite les restes de 130 000 soldats français et allemands inconnus, il est un lieu fort de symbole de l’amitié franco-allemande.
- Les cimetières marins : l’immensité bleue pour dernière demeure
Ces cimetières sont visités pour leur calme, leur esthétique et la vue imprenable qu’ils offrent sur la mer.
- Le cimetière marin de Sète : surplombant le golfe du Lion, l’ancien cimetière Saint Charles tient son nouveau nom du poème de Paul Valéry « Le cimetière marin » et abrite les restes du poète. On y trouve aussi la tombe de Jean Vilar.
- Le cimetière marin de Saint-Tropez : c’est à l’ombre des cyprès de ce petit cimetière provençal que reposent quelques personnalités emblématiques de ce village prisé de la jet-set (Eddie Barclay, Roger Vadim, Pierre Bachelet).
- Le cimetière marin de San Franzé (Bonifacio) : situé sur la falaise, à proximité de l’Église Saint François (San Franzé), le cimetière est constitué d’une enfilade de mausolées blancs ensoleillés érigés face à la mer.
Bien que chacun des cimetières décrits ci-dessus comporte des attraits autres que moraux ou religieux, les visiteurs doivent se rappeler d’adopter une tenue correcte et un comportement décent, en signe de respect pour les défunts qui y sont inhumés.